Chaque fois que je traverse les sentiers de notre forêt familiale, je repense aux mains qui ont façonné les maisons d’hier avec le bois des arbres qu’ils avaient eux-mêmes plantés. Le bois, ce matériau vivant, continue de me fasciner par sa capacité à incarner notre lien à la terre, à l’histoire… et à l’avenir. Il n’est plus seulement question de tradition. Aujourd’hui, la formation aux systèmes constructifs bois devient un pilier fondamental d’un habitat durable, efficient et humain.
Pourquoi se former aux systèmes constructifs bois aujourd’hui ?
Le secteur du bâtiment est en mutation. Pressions écologiques, exigences réglementaires, mutations sociétales : construire ne peut plus se faire comme avant. Dans ce contexte, le bois s’impose à nouveau, mais autrement. Laminé, contrecollé, ossature, CLT, MOB… Le vocabulaire s’étoffe, les techniques se précisent, les règles se durcissent. Face à cette complexité croissante, la formation devient la racine solide d’une bonne pratique.
Se former, c’est acquérir une double compétence : comprendre intimement le matériau bois et savoir comment le mettre en œuvre dans des structures modernes, performantes sur le plan énergétique et responsables sur le plan environnemental.
Qui aurait cru que « construire en bois » nécessitait autant de savoirs ? Et pourtant… La maison de demain se conçoit avec les savoir-faire d’hier, enrichis de la rigueur scientifique d’aujourd’hui.
Au cœur des formations : comprendre les différents systèmes constructifs bois
Avant même le premier coup de crayon d’un plan, il est essentiel de bien cerner les familles de systèmes constructifs bois existants. Ces choix ne sont pas que techniques : ils incarnent une philosophie de construction, une organisation du chantier, un rapport au lieu.
- La construction à ossature bois (MOB) : légèreté, rapidité de mise en œuvre, flexibilité architecturale… Ce système, probablement le plus répandu aujourd’hui, repose sur un cadre en bois monté en atelier ou sur site, avec remplissage isolant et parements.
- Le lamellé-collé : utilisé pour les grandes portées, idéal pour des bâtiments publics ou industriels, il allie résistance et esthétique. On retrouve ici le génie du bois structuré pour rivaliser avec l’acier, sans son empreinte énergétique.
- Le CLT (Cross Laminated Timber) : ou bois lamellé-croisé, véritable révolution des quinze dernières années. Ce système en panneaux massifs croisés combine portance, inertie thermique et rapidité. Sa précision millimétrique s’allie à la chaleur du bois massif.
- Le poteau-poutre : système plus traditionnel, idéal pour des volumes ouverts et des grandes surfaces vitrées. À chaque vent, il évoque les charpentes de nos granges d’antan, modernisées pour accueillir la vie contemporaine.
Une bonne formation permet de naviguer entre ces systèmes : connaître les critères de choix, les implications techniques, les contraintes règlementaires. On n’assemble pas des panneaux CLT comme une ossature. Et il serait dommage de laisser les contraintes dicter le projet plutôt que le choix éclairé du concepteur.
Le bon bois au bon endroit : s’initier à la culture du matériau
Je me souviens encore du jour où mon grand-père m’a appris à « lire » un madrier – observer le veinage, juger son hygrométrie, estimer d’un regard s’il serait bon pour le plancher ou pour une poutre. Cette sagesse est aujourd’hui traduite en formations, intégrant les notions de durabilité, de traitement, et surtout d’exploitation raisonnée.
Choisir un bois local, adapté au climat, travaillé en circuit court, n’est plus un luxe mais une exigence. Une formation pertinente enseigne les essences – douglas, épicéa, mélèze, chêne – leurs qualités, leurs points faibles, leur transformation… Un charpentier averti y trouvera les clés pour exercer son œil, et tout porteur de projet y gagnera une autonomie nouvelle dans le dialogue avec ses partenaires.
Concilier performance énergétique et confort naturel
Bâtir en bois, ce n’est pas seulement empiler des poutres avec talent. L’enjeu est aussi thermique et environnemental. Comment éviter les ponts thermiques ? Quel rôle joue l’inertie du matériau dans le confort d’été ? Quels isolants biosourcés marient performance et renouvelabilité ? Autant de questions essentielles pour répondre aux besoins d’un bâtiment régulé, économe, mais aussi sain.
Une formation sérieuse abordera :
- Les règles de conception bioclimatique avec le bois
- Les systèmes d’isolation compatibles (paille, ouate de cellulose, fibre de bois)
- La gestion de la vapeur d’eau (pare-vapeur, frein vapeur, hygro-régulation)
- L’étanchéité à l’air, souvent négligée, mais cruciale pour la performance
Ce n’est pas un hasard si les meilleurs bâtiments à énergie positive en France sont souvent construits en bois. Le mariage entre performance énergétique et construction biosourcée est promis à un bel avenir… pourvu qu’il soit bien accompagné.
Une pédagogie ancrée dans le terrain : ateliers, chantiers, expériences
À l’image de la forêt, on n’apprend pas le bois dans la seule théorie. Une formation inspirante se déroule aussi sur le terrain. Sur un chantier participatif, dans un atelier de préfabrication, à l’ombre d’un mur de bottes de paille en cours de bardage… C’est là, les mains dans la sciure, qu’on intègre le geste juste.
De nombreuses structures proposent des cursus mêlant théorie et pratique, souvent en partenariat avec des entreprises locales. Certains centres de formation incluent des modules d’éco-construction en habitat léger, d’autres forment à la conception 3D en BIM dédiée au bois. Les élèves architectes y rencontrent les artisans charpentiers – et parfois, le courant passe si bien que naît un projet commun.
Pour les professionnels comme pour les auto-constructeurs
Il n’y a pas de profil unique pour suivre une formation sur les systèmes constructifs bois. J’ai rencontré des ingénieurs, des artisans, des maçons en reconversion, mais aussi des particuliers nourrissant le rêve de construire leur maison « autrement ». Tous ont en commun la volonté de s’inscrire dans un nouveau modèle.
Les formations longues sont idéales pour les futures professionnelles du bâtiment, tandis que les sessions courtes (quelques jours) permettent d’appréhender un sujet précis : comprendre le CLT, maitriser les raccords étanches à l’air, ou même réaliser son mur en ossature bois soi-même.
Et puis, il y a ces profils hybrides – artisans du vivant, architectes verts, bricoleurs sensibles – qui cherchent à reconnecter leur pratique avec du sens. Ils y trouvent une pédagogie à taille humaine, souvent animée par des formateurs passionnés, qui transmettent un savoir tout autant que des valeurs.
Où se former ? Quelques pistes en pleine croissance
Voici quelques structures et propositions formatives qui méritent un coup d’œil :
- Les Compagnons du Devoir : pour les formations de charpente traditionnelle, souvent en alternance, alliant rigueur et excellence du geste.
- Le Réseau Twiza : pour rencontrer des chantiers participatifs où se former au naturel, dans une ambiance solidaire.
- Construire en Chanvre ou Envirobat : pour les aspects biosourcés combinés aux systèmes bois.
- Les Grands Ateliers de l’Isle d’Abeau : centre unique en France mêlant étudiants en architecture, ingénieurs et professionnels du bâtiment autour de projets expérimentaux bois.
- Les Écoles d’architecture environnementales comme l’ENSA Grenoble ou Belleville qui intègrent les savoir-faire bois dans leurs cursus.
Et petit clin d’œil personnel : dans notre coin reculé du Sud-Ouest, une petite SCOP organise chaque été des stages d’une semaine sur la maison bois-paille. Ce sont souvent les moments les plus intenses en transmission… et en rires, autour d’un feu de bois partagé.
Construire en conscience : un art de vivre autant qu’un métier
Au final, apprendre à bâtir en bois, ce n’est pas seulement acquérir des compétences techniques. C’est initier une autre façon d’habiter le monde. Cela se ressent dans chaque murmure des planches, dans chaque joint bien calfeutré.
Les formations aux systèmes constructifs bois sont aujourd’hui plus accessibles, plus riches, et plus connectées à leur époque que jamais. À qui veut bâtir durablement, elles offrent bien plus qu’un savoir-faire : une vision, une communauté, et, parfois, une vocation.
Et si, vous aussi, vous écoutiez ce que le bois a à vous apprendre ?
